Dans le cadre de mes recherches, il m’arrive de visiter d’autres lieux d’approvisionnement alimentaire que mes points de repères habituels. Et parfois, la découverte est, hélas, déconcertante au point que je préfère l’oublier...
Malgré
ma volonté d’apporter tout ce qui me traverse de positif en terme
d’alimentation, je te partage aujourd’hui un instant de doute, de tristesse,
d’incompréhension… Voici brièvement l’histoire :
Conseillée par
une amie, je me rends un dimanche matin dans un magasin implanté au bord d’une
route départementale de ma localité. « Va voir, tu trouveras de
tout ! » sous-entendu en matière de produits végétaux, m’avait-elle
dit !
Une profusion de produits bien emballés... sous plastique.
Mon premier regard se pose sur les riz. Impossible de trouver la
provenance. J’ai le choix entre le riz complet (bonjour les intestins
fragiles !) ou les riz blancs (par ici l’index glycémique élevé !).
Partout des pancartes style bois ou écrite à la craie pour faire « naturel »…
Bref je
détourne mon regard mais la variété et la quantité de produits me donne le tournis.
Et l’hallucination continue. J’ai sous les yeux un grand banc réfrigéré. Je réprime la nausée qui me monte avec les laits et fromages « de montagne ». Produits illusoirement blancs mais véritablement rouges … rouges du sang des petits tués pour récupérer le lait de leurs mamans.
Mais voilà que mon regard est happé par des fruits : des fraises, framboises, cassis. Je fais un effort surhumain pour me remémorer que nous sommes en novembre ! J’en ai le vertige. Ça fait un mois que je me régale de pommes et de poires !
Mais plus loin je reste scotchée devant des ananas. C’est comme s’ils avaient un étage de plus tellement ils sont gros ! Les bananes aussi sont surdimensionnées ainsi que les fruits qui viennent de l’autre côté de la planète.
Je me sens devenue la micro humaine du roman de Bernard Werber. Je suis toute petite et les fruits et les légumes de ce magasin sont destinés aux « grands ». Je suis déconnectée de cette dimension, de ces quantités…
Et les
aberrations continuent puisque sur les tables et les présentoirs suivants,
c’est le festival des tomates qui arborent leurs rondeurs toutes variétés
confondues, les poivrons rouges, verts, jaunes et les oignons frais.
Je me sens
saisie de non-sens : un étalage du mois de juillet ? Discordance temporelle. Je vais me réveiller,
c’est un cauchemar ? Il semble que non car les gens déguisés en personnels
chirurgicaux poursuivent leur chemin entre les rayons et ils sont bien réels.
Mais ce n’est
pas terminé. Le magasin dispose d’une grande surface de ventes et je repère
très vite les techniques parfaitement rodées de la grande distribution. Les
prix au kilo sont bien plus bas que ceux que je connais !
Et pour avoir le produit à ce prix-là, le client doit acheter le kilo voire plus. La quantité avant tout. Ah oui, comme je suis idiote, confinement signifie manquer de nourriture !!!
Ceci est aussi une technique de vente bien hypocrite :
surfer sur la peur ancestrale de manquer. D’ailleurs je repère un gars qui
s’empresse à remplir à nouveau les rayons dès qu’ils se vident.
Mais voilà le rayon des pommes et des poires. Car à la base
j’étais venue pour acheter des fruits bien mûrs et un peu moches pour une
confipote ! J’en tremble d’incompréhension.
Toute une table de poires de diverses variétés mais toutes énormes, identiques, sans aucun défaut apparent. Mais quelle est cette machination ??? Même si c’est interdit j’en saisi une : dure, compacte obligatoirement cueillie verte.
De
plus en plus déroutée, je repose ce fruit que je sens inerte comme une pierre.
Enfin je tombe
sur une mention familière. Sur une pancarte, je vois : « Producteur en
conversion ». Parce que oui tu t’en doutes, aucun label Bio sur ces fruits
et légumes, ni Demeter, ni Nature et Progrès etc. Des noix en provenance de Savoie. La question est
de savoir si les noyers poussent en montagne !! ?? J'en oublie aussi ma géographie...
Bref, je décide de remplir mon sac pour un
kilo et je me retrouve à la caisse en ayant attrapé au passage une courge
Butternut de dimension « classique ». Je veux dire par là non pas
sortie d’un laboratoire et piquée aux engrais de croissance mais qui rentrera dans
mon modeste four.
La fille à la caisse me salue d’un sourire que
je dois deviner sous un papier prétendument protecteur de virus. Je sors du
magasin la larme (intérieure) à l’œil de tant de dissonances.
Dernier regard sur les cagettes empilées estampillées
« Produit de France » ! Je rêve de végétaux nourriciers « cultivés
en conscience » mais visiblement, dans ma localité, ce rêve ne se
réalisera pas avant ma prochaine vie !
Je regagne le parking et, face à ma voiture, j’observe un couple qui charge à bloc son coffre arrière de marchandises. Leur silhouette montre des signes avérés d’obésité. Comment des organismes en surpoids peuvent- ils gérer les aliments gonflés au glyphosate ? Qu’est ce qui peut bien les pousser à ces achats ? Ah mais oui le sacro-saint Plan National Nutrition Santé, 5 fruits et légumes par jour, n’importe quoi, de n’importe quelle provenance et cultivés n’importe comment et par n’importe qui...
Pourtant la réalité de
la gestion des stocks est implacable, il ne peut pas y avoir d’offre de vente
sans demande. C’est donc bien le consommateur qui déclenche la proposition des
magasins… Ensuite l’illusion
« verdissante » ou greenwashing
utilise des techniques marketing bien efficaces et, visiblement pousse comme du
chiendent !
Quant à moi, je quitte ce lieu en décidant que je n’y remettrai plus les pieds. Ce retour vers le monde d’AVANT m’a épuisée.
A mes yeux, plus que jamais, la notion d’alimentation
en conscience me semble brûlante d’actualité ».
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Gabrielle
letoilebleue3.0@gmail.com