Quand on aborde l’idée de changer son mode alimentaire, tout semble déstabilisant
au sujet du contenu de son assiette. Mais c’est aussi une perte de repères en
terme budgétaire.
J’entends souvent des remarques : « Mais tous
ces produits nouveaux sont beaucoup trop chers... ». Bref, on a peur de dépenser plus si on
dépense autrement.
Mon vécu personnel du point de
vue financier
Pour partager brièvement mon vécu ici, je dirai que la végétalisation de mes repas a
coïncidé avec une période de restriction budgétaire générale ! Mais je me
suis aperçue du prix élevé des ingrédients issus des animaux… en les supprimant
de la liste de mes achats !
Puis je me suis informée sur les ingrédients d’origine chimique dans les
aliments tout prêts. Mais oui, ce sont les préparations qui contiennent 30
ingrédients quand la même recette « maison » n’en contient que 5 ou
6 ! Ces produits du marketing sont très souvent bien onéreux à l’achat
proportionnellement à un intérêt nutritionnel plus que médiocre.
Au fil du temps, j’ai consigné mes dépenses par catégories pour mieux les
maîtriser : frais fixes, vêtements, cosmétiques etc. En retirant VPO
(viandes, poissons, œufs) et les produits laitiers, savamment valorisés par les
techniciens du commerce agroalimentaire, j’ai réduit mon budget d’environ 30 %.
Ce qui m’a permis d’accéder à la gamme bio des petites surfaces de vente voire
une épicerie écoresponsable de ma localité.
Mon regard sur l’aspect
économique et financier
Au cours d’une causerie, une personne m’a répondu ceci : « Tu
comprends, ton lait d’amandes, c’est bien gentil, mais moi, j’ai 4 enfants
alors je n’ai pas les moyens et le lait de vache, c’est beaucoup moins
cher !!!»
Mais comment peut-on en arriver à une aberration pareille ?
Qui peut
encore penser que les coûts de production sont réduits quand
on achète un produit issu de la traite et de l'insémination forcée d'une maman
vache (ou chèvre ou brebis) par rapport à une poignée d'amandes pressées dont
on extrait le jus ???
J’aimerais
partager la dimension financière de la nourriture, car au-delà
du « payer et emporter », cela implique tout un système. Et là, je dois t'avouer que je me sens aussi seule qu'une coccinelle sur un feuille d'artichaut !!!Tout
d’abord le jeu mortifère des subventions.
De nos jours, les lanceurs d’alerte savent où trouver les montants versés. De
quoi s’agit-il ? Ce sont des sommes que reçoivent les éleveurs. Mais de la
part de qui ? Et bien de toi et moi en tant que citoyen.ne !!!
De la
part de la Communauté européenne
tout d’abord (la PAC). Un seul chiffre :
58 millions d’euros par an sont versés aux agriculteurs (éleveurs). Je
te laisse rechercher leur taux d’endettement et leur revenu qui frôle le
minimum social… Pourquoi continuer à cautionner ce flux d’argent qui coule à
flots ???
Mais il existe
un moyen en vigueur encore plus sournois de bloquer la transition alimentaire :
ce sont les sponsors privés issus du conseil de l’Union européenne.
Concrètement, ça veut dire quoi ? Ce sont les parrainages des grands
groupes en majorité liés à l’agroalimentaire. Par exemple, les multinationales (type
Coca-cola) qui arrosent l’Europe et exercent des jeux d’influence. Leur pouvoir
s’étend ainsi et empêche en particulier la réduction des aliments surdosés en
sucre, en additifs ou en résidus de pesticides, sans parler des pratiques polluantes.
Face à ses accords de « parrainage », le bien-mal nommé Nutriscore, indicateur non-obligatoire sur les emballages, n’a qu’un rôle de figurant !
Voici les 10 entreprises qui dominent le secteur de l'agroalimentaire. Entente tacite, fraude alimentaire, réduction des coûts de production au détriment de toute éthique sont monnaie courante?
Mais revenons en
France, les productions des produits animaux sont aussi « soutenues »
par des aides publiques conséquentes. Les subventions versées par la France, actuellement,
sont destinées aux producteurs conventionnels. Autrement dit, elles favorisent
l’agriculture et élevage intensif, avec usage de pesticides et d’engrais
chimiques pour les sols, farine animale et soja transgénique pour la nourriture
des animaux. Appétissant, non ???
Il faut
dire que la France fait partie des pays qui consomment le plus de produits
animaux😡. On distingue les aides directes
avec des chiffres qui me donnent la nausée : on parle d’un million d’euros
par an pour les innocents lapins, 15 000 euros pour favoriser la torture
des vaches dans les élevages etc.
Et puis les aides indirectes ou invisibles :
ce sont les dispositifs qui permettent de réduire artificiellement les coûts de
production. Ah ah, comprends-tu, à présent, pourquoi le lait d’une maman vache
est bien moins cher à l’achat pour le consommateur que le jus de quelques
amandes ?
Sachant
qu’une vache a besoin de boire environ 80 litres d’eau par jour, si la facture
d’eau est payée par le contribuable c’est nettement moins coûteux pour
l’exploitant.e !!!
A cela,
on doit rajouter les dégradations de
l’environnement causées par l’élevage qui sont aussi financées par nos
impôts. C’est le cas de la pollution des eaux par les lisiers ou les algues
vertes. Et pour terminer, je note aussi les
pathologies liées aux épandages toxiques dont je me passerai de lister les
noms savants (maladies cardiovasculaires, cancers et autres affections dites
auto-immunes) qui sont prises en charge par la Sécurité sociale et donc nous
tous.
Bref,
nous payons pour produire des aliments que la majorité continue à consommer
sans aucune nécessité et que nous sommes de plus en plus nombreux... à ne plus
acheter !!!
Image de tendresse
diffusée par le Sanctuaire GAIA en Espagne
Des solutions pour une
meilleure gestion globale
Pourtant, des solutions pour une meilleure gestion de la ressource
alimentaire existent. Elles s’inscrivent dans un processus de végétalisation de
l’alimentation pour le bien de tous, compte tenu du coût « réel »
d’achat des produits issus des animaux.
Voici des propositions collectives que j’ai retenues. Elles peuvent être
efficaces rapidement :
L’Association Végétarienne de France a lancé une mobilisation pour imposer
aux collectivités locales de se positionner clairement pour les alternatives
végétales : un repas végétarien par semaine pour commencer, une
alternative végétarienne chaque jour
comme objectif.
La Croix Rouge s’associe avec le WWF (Fonds mondial
pour la Nature, ONG) pour encourager la part végétale dans les assiettes :
subventionner l’agriculture biologique et locale (et non pas chimique et hors
France !), supprimer la TVA sur les produits biologiques et français, « municipaliser » la nourriture, sensibiliser
sur les avantages de l’alimentation végétale.
À partir de ce type de propositions, nos élus doivent nous écouter.
Mes astuces pour une nutrition
équilibrée à petit prix
De mon point de vue, équilibrer son assiette végétale avec peu d’argent est
tout à fait possible aujourd’hui.
Je te partage quelques conseils généraux à mettre en application dans ta
cuisine !
-
Pour les achats :
Ne pas céder aux sirènes de la
grande distribution et à leurs corollaires, les multinationales
Observer les prix au kilo
(voir tableau comparatif)
Privilégier les ingrédients de
base (par exemple : sel gris non moulu)
Prioriser le zéro déchet (boîtes,
bocaux, sacs…)
Et l’achat direct auprès des
producteurs (Un intermédiaire de moins c’est entre -20 ou –30 %)
Pour illustrer cette
recherche, j’ai procédé à un mini repérage de prix dans un magasin bio :
Aliment
|
Présentation
|
Marque
|
Provenance/ cultivé en
|
Prix au KILO en €
|
Pois chiches secs
|
En vrac
|
Natur’ Avenir
|
France
|
4,50
|
Pois chiches secs
|
En sachet plastique
|
Natur’ Avenir
|
France
|
5,32
|
Pois chiches secs
|
En sachet plastique
|
Markal
|
Italie
|
4,98
|
Riz semi-complet
|
En vrac
|
Celnat
|
Italie
|
3,95
|
Riz semi-complet
|
En sachet plastique
|
Markal
|
Sud Est IGP Camargue
|
4,70
|
Pruneaux
|
En vrac avec noyaux
|
Philia
|
France
|
13,95
|
Pruneaux
|
En sachet plastique
dénoyautés
|
Danival
|
France
|
22,08
|
Je t’invite à observer
l’influence sur le prix de l’emballage
mais aussi de la provenance de
l’aliment et la préparation qu’a
subi le produit (dénoyautage)
Repérages de prix réalisés au
magasin MyBioShopde Sanary-sur-mer.
-
En cuisine, je peux proposer de :
- Préparer la cuisson des légumineuses (acheter les lentilles,
haricots, pois chiches, graines sèches) et les cuire en quantité pour la
semaine. Ensuite, cuisiner des accompagnements différents au fil de la semaine et
s’assurer de cette manière un apport de base en protéines. Par exemple
avec des pois chiches, je te suggère de prévoir un houmous, un couscous et une
salade à l’oignon et au cumin. Je rappelle que 2 cuillères à soupe de graines
cuites suffisent par repas.
- Associer dans la journée (pas forcément dans
l’assiette) une légumineuse et une céréale demi-complète comme par exemple une
tartinade à base de tahin (purée de sésame) ou une purée d’amandes sur du pain
semi-complet.
- Privilégier les préparations à
base de graines qui contiennent TOUS les
acides aminés essentiels. Le soja (cultivé en France), le lupin et le
chanvre peuvent paraître actuellement onéreux à l’achat. Mais si tu t’informes
sur leurs bienfaits nutritionnels, tu comprendras l’enjeu d’en consommer. Sans
compter qu’ils stimulent la production sur notre sol.
Comment terminer ce topo qui
peut paraître pesant ?
Je reste convaincue, pour l’avoir expérimenté,
qu’il est préférable d’acheter en plus petite quantité, mais au passage de
sélectionner des ingrédients de base cultivés en conscience.
Un prix
trop bas au kilo peut cacher le maillon d’une chaîne où on aura négligé le soin
apporté à la culture, au transport, à l’emballage ou bien encore à la
rémunération du producteur ou du commerçant.
L'aspect financier d'une situation est souvent le nœud révélateur. Et cette règle s'applique de façon extrêmement âpre quand on envisage la transition alimentaire.
Obtenir de bons nutriments avec peu d’argent, je t’accompagne dans cette
aventure ?
D’autres sujets de réflexion ?
letoilebleue3.0@gmail.com
https://www.facebook.com/lessaveursdeletoilebleue
Une des sources :
https://www.viande.info/elevage-viande-subventions-aides-europeennes#biblio